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 tahayûj

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MessageSujet: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:45

tahayuj
(ou la frénésie sexuelle dans la littérature)


Furies amoureuses et sensualités jouissives, vies sentimentales sans tabou ni croisades morales, jouissantes douceurs du contact charnel, la littérature offre de vivants manifestes, tendres et vigoureux, à la culture des plaisirs et à la science du coït ... Textes chantant l'amour et ses variations libertines et érotiques ... transgressives agapes de l'esprit où hommes et femmes sont maîtres de leurs désirs et aspirent à une vie sexuelle épanouie !

Initions la rubrique avec un délicieux et explicite extrait des très raffinées Mille et Une Nuits :

"Et aussitôt, elle vint à moi, et me prit, et se renversa sur moi, et me frotta avec une passion étonnante. Et moi, ô mon seigneur, je sentis mon âme qui se logeait toute dans ce que tu sais, et j'accomplis l'ouvrage pour lequel j'étais requis et la besogne dont j'avais la commande, et je réduisis ce qui jusque là était du domaine de l'irréductible, et j'abatis ce qui était à abattre, et je ravis ce qui était à ravir, et je pris ce que je pus, et je donnais ce qu'il fallut, et je me levais, et je m'étendis, et je fonçai, et je défonçai, et j'agaçai et je forçai, et je farçis, et j'amorçais, et je renforçais, et j'agaçai, et je grinçai, et je renversai, et javança et je recommançai, et tellement, ô mon seigneur le sultan, que, ce soir-là, celui que tu sais fut tellement le gaillard qu'on nomme le bélier, le forgeron, l'assomeur, le calamiteux, le long, le fer, le pleureur, l'ouvreur, l'encorneur, le frotteur, l'irrésstible, le bâton du derviche, l'outil prodigieux, l'éclaireur, le borgne assaillant, le glaive du guerrier, l'infatigable nageur, le rossignol moduleur, le père au gos cou, le père aux gros nerfs, le père aux gros oeufs, le père au turban, le père au crâne chauve, le père aux secousses, le père aux délices, le père des terreurs, le coq sans crête ni voix, l'enfant de son père, l'héritage du pauvre, le muscle capricieux, et le gros nerf de confiture. Et je crois bien, ô mon seigneur le sultan, que ce soir-là chaque surnom fut accompagné de son explication, chaque vertu de sa preuve, et chaque attibut de sa démonstration."
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:47

Lucrèce,
philosophe épicurien romain du 1er siècle avant JC, décrit dans l'extrait ci-dessous d'un de ses poèmes érotiques, la force vitale amoureuse et ses étreintes passionnées, son illusion aussi, génératrice d'angoisse par l'effort désespéré des amants pour se prendre et s'aimer, quitte à se blesser, se meurtrir ...

"Enfin leurs membres s'enlacent, enfin ils jouissent de leur florissante jeunesse, et voici que le corps pressent l'imminence du plaisir : oui, Vénus va ensemencer le champ de la femme, et ils étreignent avidement leurs corps, ils mêlent la salive de leurs bouches, ils aspirent l'air sur ces lèvres où ils écrasent leurs dents. En vain : de ce corps, ils ne peuvent rien arracher, aucune parcelle, et leur corps, ils ne peuvent l'enfoncer tout entier dans un autre corps, ils ne peuvent l'abîmer en lui.

Enfin, quand les nerfs ne peuvent plus contenir le désir qui les tend, quand ce désir explose, il se fait un répit; un court moment, la violence de l'ardeur se calme. Et puis c'est le retour de la même rage, de la même frénésie ! Le véritable objet de leur désir, ils le cherchent encore, sans le trouver, incapables de découvrir le moyen de vaincre le mal: aveugles, égés, ils se consument, rongés d'une invisible et profonde blessure."
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:49

Le poète français Paul Verlaine, grand consommateur … d’absinthe, sait faire flirter l’amour et l’érotisme, le lumineux et le scabreux, la candeur sentimentale aux désirs intenses d’une sexualité presque obscène, comme tout au long de ce poème écrit entre deux séjours des hôpitaux parisiens :

« Régals
Croise tes cuisses sur ma tête
De façon à ce que ma langue,
Taisant toute sotte harangue,
Ne puisse plus que faire fête
A ton con ainsi qu’à ton cul
Dont je suis l’à-jamais vaincu
Comme de tout ton corps, du reste,
Et de ton âme mal céleste,
Et de ton esprit carnassier
Qui dévore en moi l’idéal
Et m’a fait le lus putassier
Du plus dur, du plus lilial
Que j’étais avant ta rencontre
Depuis des ans et puis des ans.

Ô ton con ! qu’il sent bon ! J’y fouille
Tant de la gueule que du blaire
Et j’y fais le diable et j’y flaire
Et j’y farfouille et j’y bafouille
Et j’y renifle et oh ! J’y bave
Dans ton con à l’odeur cochonne
Que surplombe une motte flave
Et qu’un duvet roux environne
Qui mène au trou miraculeux,
Où je farfouille, où je bafouille,
Où je renifle et où je bave
Avec les soins méticuleux
Et l’âpre ferveur d’un esclave
Affranchi de tout préjugé. »

Femmes, 1890.


Cette impudique fête des sens dévoile une facette plus trash du clochard céleste Verlaine, vierge folle et prince des poètes, à une époque bien bourgeoise (le XIXième siècle français) où la liberté sexuelle était encore souvent frileuse et régulièrement censurée. Ce qui poussait les artistes à se libérer des tenants des bonnes mœurs par la clandestinité et ses modes d’expression alternatifs.
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:51

Guillaume Apollinaire.


Guillaume Albert Vladimir Apollinaire de Kostrowitsky est né à Rome en 1880 d’un officier italien et d’une Polonaise. Il a été précepteur, employé de banque, journaliste, critique, éditeur, conteur, ami des peintres et des artistes de son époque (l’avant-garde du Paris 1900 ; Picasso, Vlaminck et Braque en particulier ; Alfred Jarry ; Max Jacob ; Eric Satie; Dufy également), de l’art naïf à l’art nègre, du fauvisme au cubisme, bien évidement poète moderne et surréaliste (il est l’inventeur du mot « surréalisme »), soldat aussi, mais surtout amoureux fou, et parfois furieusement érotique, de Louise de Coligny-Châtillon, une belle aristocrate divorcée, la Lou des Poèmes à Lou (recueil de poèmes écrits entre deux combats, sur le front, d’octobre 1914 à janvier 1916) dont voici un extrait :

Je t’adore mon Lou et par moi tout t’adore
Les chevaux que je vois s’ébrouer aux abords
[…]
Le soleil qui descend lentement devant moi
Les fantassins bleu pâle qui partent pour le front pensent à toi
Car ô ma chevelure de feu tu es la torche
Qui m’éclaire ce monde et flamme tu es ma force
[…]
La vulve des juments est rose comme la tienne
Et nos armes graissées c’est comme quand tu me veux
Ô douceur de ma vie c’est comme quand tu m’aimes
[…]
Tu es pour moi la vie cependant qu’elle dure
Et tu es l’avenir et mon éternité
Toi mon amour unique et la seule beauté


Il s’était engagé dans la Grande Guerre en 1914 et mourra de ses blessures à la tempe (datant de 1916) et de l épidémie de grippe espagnole en 1918 deux jours avant l’armistice. Lui qui avait écrit à sa Lou : « Tes seins sont les seuls obus que j’aime » …
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:52

autre texte d’Apollinaire à sa Lou

[…]
Ah ! Ah ! te revoilà devant moi toute nue
Captive adorée toi la dernière venue
Tes seins ont le goût pâle des kakis et des figues de barbarie
Hanches fruits confits que je les aime ma chérie
L’écume de la mer dont naquit la déesse
Evoque celle-là qui naît de ma caresse
Si tu marches Splendeur tes yeux ont le luisant
D’un sabre au doux regard prêt à se teindre de sang
Si tu te couches Douceur tu deviens mon orgie
Et le mets savoureux de notre liturgie
Si tu te courbes Ardeur comme une flamme au vent
Des atteintes du feu jamais rien n’est décevant
Je flambe dans ta flamme et suis de ton amour
Le phénix qui se meurt et renaît chaque jour
[…]
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:53

Le Lai du Chèvrefeuille

[…]
De ces deux, il en fut ainsi
Comme du chèvrefeuille était
Qui au coudrier s’attachait :
Quand il s’est enlacé et pris
Et tout autour du fût s’est mis,
Ensemble peuvent bien durer.
Qui plus tard les veut détacher,
Le coudrier tue vivement
Et chèvrefeuille mêmement.
« Belle amie, ainsi est de nous :
Ni vous sans moi, ni moi sans vous ! »

Marie de France
(vers 1170)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:54

L’élégie romaine parle d’amour et de sexe ; elle en parle sur tous les tons. Properce, jeune poète de l’époque de l’empereur Auguste, est l’un de ses plus grands représentants

Abandon amoureux
Si donc, ma chère, tu persistes à coucher vêtue, tu sauras, je le jure, de quoi sont capables mes mains ! Et je déchirerai ta robe et, si la colère m’emporte, tu pourras montrer à ta mère, le lendemain, les meurtrissures de tes bras !
Eh quoi ! tes seins sont encore fermes, ils ne t’interdisent pas les jeux amoureux ! laisse donc cette pudeur à celles qui ont enfanté.
Ah, tant que le destin nous le permet encore, laisse nos yeux se rassasier de nos amours !
Elle s’approche, la longue nuit, elle vient vers toi ; aucune aurore ne lui succèdera … Ah ! si tu voulais, nous serions enchaînés l’un à l’autre, et ces liens, aucune aurore, jamais, ne pourrait les défaire. Aimons-nous, je t’en prie, comme ces couples de colombes où mâle et femelle ne font qu’un.


Properce, Elégies (-1er siècle), Livre I, 15
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:54

LES REGRETS – 91

Ô beaux cheveux d’argent mignonnement retors !
Ô front crêpe et serein ! et vous, face dorée !
Ô beaux yeux de cristal ! ô grand bouche honorée,
Qui d’un large repli retrousses tes deux bords !

Ô belles dents d’ébène ! ô précieux trésors,
Qui faites d’un seul ris toute âme enamourée !
Ô gorge damasquine en cent plis figurée !
Et vous, beaux grands tétins, dignes d’un si beau corps !

Ô beaux ongles dorés ! ô main courte et grassette !
Ô cuisse délicate ! et vous, jambe grossette,
Et ce que je ne puis honnêtement nommer !

Ô beau corps transparent ! ô beaux membres de glace !
Ô divines beautés ! pardonnez-moi, de grâce,
Si, pour être mortel, je ne vous ose aimer.

Joachim du Bellay (1522-1560)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:55

"Avec l’adolescence et la neuve vigueur de nos membres, voici que fermente, en nous, la liqueur séminale. Pour s’émouvoir, se mettre en branle, toute chose a besoin d’un objet propre à l’exciter ; pour faire jaillir la semence humaine du corps humain, il faut, impérativement, l’attraction d’un autre être humain. Voilà donc la semence chassée de ses demeures : elle part, elle traverse toutes les parties du corps, membres, veines, organes, elle les abandonne pour se concentrer précisément dans les zones sensibles ; c’est son but : éveiller, aussitôt, le sexe même. Excité, il se gonfle de ce sperme ; naît alors le désir de l’éjaculation, l’envie de le répandre dans l’objet vers lequel nous transporte un terrifiant désir, car ce que veut le corps, c’est rejoindre l’objet qui a blessé le cœur d’amour."


Lucrèce,
La Nature des choses (-1er siècle), Livre IV
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:55

Je vis rougir son blanc poli ivoire
Et cliner plus humainement sa vue,
Quand je lui dis : Si ta rigueur me tue,
En auras-tu, cruelle, quelque gloire ?

Lors, je connus, au moins je veux le croire,
Qu’amour l’avait atteinte à l’imprévue :
Car elle, éprise, et doucement émue,
Par un souris me promit la victoire.

Et me laissant baiser sa blanche main,
Me fit recueillir si tendrement humain,
Que d’autre bien depuis je n’ai vécu.

Mais éprouvant un trait d’œil, sa douceur
Si vivement me vint toucher au cœur,
Que, pensant vaincre, enfin je fus vaincu.

Pontus de Tyard
(1521-1605)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:56

Stances écrites de la main gauche

Sur un feuillet des mêmes tablettes,
Qui regardait un miroir mis devant l’ouverture

Quand je me plaindrais nuit et jour
De la cruauté de mes peines,
Et quand du pur sang de mes veines
Je vous écrirais mon amour,

Si vous ne voyez à l’instant
Le bel objet qui l’a fait naître,
Vous ne le pourrez reconnaître,
Ni croire que je souffre tant.

En vos yeux, mieux qu’en mes écrits,
Vous verrez l’ardeur de mon âme,
Et les rayons de cette flamme
Dont pour vous je me trouve épris.

Vos beautés vous le feront voir
Bien mieux que je ne le puis dire :
Et vous ne sauriez bien lire
Que dans la glace d’un miroir.

Vincent Voiture
(1597-1648)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:57

Stances amoureuses

"Nos deux corps sont en toi, je ne sers plus que d’ombre ;
Nos amis sont à toi, je ne sers que de nombre.
Las ! puisque tu es tout et que je ne suis rien,
Je n’ai rien, ne t’ayant, ou j’ai tout au contraire.
Avoir et tout et rien, comment se peut-il faire ?
C’est que j’ai tous les maux et je n’ai point de bien.
[…]

Clair soleil de mes yeux, si je n’ai ta lumière,
Une aveugle nuée ennuite ma paupière,
Une pluie de pleurs découle de mes yeux.
Les clairs éclairs d’amour, les éclats de sa foudre,
Entrefendent mes nuits et m’écrasent en poudre :
Quand j’entonne mes cris, lors j’étonne les cieux.

Belle âme de mon corps, bel esprit de mon âme,
Flamme de mon esprit et chaleur de ma flamme,
J’envie à tous les vifs, j’envie à tous les morts.
Ma vie, si tu vis, ne peut être ravie,
Vu que ta vie est plus la vie de ma vie.
Que ma vie n’est pas la vie de mon corps !

Je vis par et pour toi, ainsi que pour moi-même ;
Je vis par et pour moi, ainsi que pour toi-même ;
Nous n’aurons qu’une vie et n’aurons qu’un trépas.
Je ne veux pas ta mort, je désire la mienne,
Mais ma mort est ta mort et ma vie est la tienne ;
Ainsi je veux mourir, et je ne e veux pas ! …"

Marguerite de Navarre
(1492-1549)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:57

Je t’aime

Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues
Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu
Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l’homme n’effraie as
Je t’aime pour aimer
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas

Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd’hui
Il y a eu toutes ces morts que j’ai franchies sur de la paille
Je n’ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m’a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie

Je t’aime pour ta sagesse qui n’est pas la mienne
Pour la santé
Je t’aime contre tout ce qui n’est qu’illusion
Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n’es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi

Paul Eluard
(1895-1952)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:58

Eloge de l’amour

Tout l’Univers obéit à l’amour ;
Belle Psyché, soumettez-lui votre âme.
Les autres dieux à ce dieu font la cour,
Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme.
Des jeunes cœurs c’est le suprême bien :
Aimez, aimez ; tout le reste n’est rien.

Sans cet amour, tant d’objets ravissants,
Lambris dorés, bois, jardins, et fontaines,
N’ont point d’appas qui ne soient languissants,
Et leurs plaisirs sont moins doux que ses peines
Des jeunes cœurs c’est le suprême bien :
Aimez, aimez ; yout le reste n’est rien.

Jean de La Fontaine
(1621-1695)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 17:59

J’allais par des chemins…

J’allais par des chemins perfides,
Douloureusement incertain,
Vos chères mains furent mes guides.

Si pâle à l’horizon lointain
Luisait un faible espoir d’aurore ;
Votre regard fut le matin.

Nul bruit, sinon son pas sonore,
N’encourageait le voyageur.
Votre voix me dit : « Marche encore ! »

Mon cœur craintif, mon sombre cœur
Pleurait, seul sur la triste voie ;
L’amour, délicieux vainqueur,

Nous a réunis dans la joie.

Paul Verlaine
(1844-1896)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 18:02

Le cœur innombrable

Janân a pris mon cœur, dont il ne reste rien :
Les deux tiers de mon cœur et les deux tiers du reste
Et les deux tiers du dernier reste.
Au serveur leste,
Le tiers du tiers. Six parts pour les amants enfin.

Abû Nuwas, Perse
(750-815)
Traduction Vincent Mansour-Montei
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 18:07

LA MAIN TOUCHE UNE JUPE

La main touche une jupe,
Muguets fanés, je me souviens,
Tiède comme un début de peau,
Un feu de sang brûle les os.

Les joncs craquent sous le corps souple,
Et le miel bout dans l’œillet pourpre,
Sur le brasier de myosotis
Là-haut où les oiseaux s’étirent.

Carrière de braise rouge,
Près d’une eau non doublée de tain,
Où toute pudeur expire
Au vent venu de si loin.

Sous août bruissant, la fièvre est fraîche,
Et la brûlure encore glacée
Des lèvres fanées de soif,
Et du corps torride de sang.

Voici la baie de tes jambes,
Avant cette île foudroyée
Où peut-être un peu de neige
Attend ma tête sans pensée.

Alain Borne, (1915 – 1962)
Terre de l’été (1946)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 18:08

Pierre Louÿs (1870 – 1925)

est l’écrivain de l’amour et du plaisir. Sa rencontre précoce avec les parnassiens (notamment JM de Heredia dont il épousa une fille en 1899) détermina sa vocation poétique. Un siècle après Sade, il est l’auteur le plus érotomane de la littérature française, ne cessant d’écrire dans le genre érotique durant trois décennies. S’inspirant de la littérature grecque érotique (il avait traduit notamment des poésies de Méléagre, 1893), son premier texte important est Les Chansons de Bilitis, poèmes en prose sensibles et raffinés et surtout éloge du saphisme, qu’il fait publier confidentiellement en 1895.

Le désir
"Elle entra, et passionnément, les yeux fermés à demi, elle unit ses lèvres aux miennes et nos langues se connurent … Jamais il n’y eut dans ma vie un baiser comme celui-là.
Elle était debout contre moi, tout en amour et consentante. Un de mes genoux, peu à peu, montait entre ses cuisses chaudes qui cédaient comme pour un amant.
Ma main rampante sur sa tunique cherchait à deviner le corps dérobé, qui tour à tour onduleux se pliait, ou cambré se raisissait avec des frémissement de la peau.
De ses yeux en délire elle désignait le lit ; mais nous n’avions pas le droit d’aimer avant la cérémonie des noces, et nous nous séparâmes brusquement."

Pierre Louÿs, Les Chansons de Bilitis (1895)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 18:09

.. suite de l'érotomane lettré Pierre Louÿs

Le sonnet « Les Nymphes », daté du 25 mars 1890, appartient au recueil La Femme, publié en 1938. il est inséré dans un court ensemble intitulé La Vulve, qui constitue un « blason » du sexe féminin, avec les autres poèmes suivants : « Les Poils », « Le Mont de Vénus », « Le Clitoris », « L’Hymen »


Les nymphes
Oui, des lèvres aussi, des lèvres savoureuses
Mais d’une chair plus tendre et plus fragile encor
Des rêves de chair rose à l’ombre des poils d’or
Qui palpitent légers sous les mains amoureuses.
Des fleurs aussi, des fleurs molles, des fleurs de nuit,
Pétales délicats alourdits de rosée
Qui fléchissent, pliés sur la fleur épuisée,
Et pleurent le désir, goutte à goutte, sans bruit.
Ö lèvres, versez-moi les divines salives
La volupté du sang, la chaleur des gencives
Et les frémissements enflammés du baiser

Ö fleurs troublantes, fleurs mystiques, fleurs divines,
Balancez vers mon cœur sans jamais l’apaiser,
L’encens mystérieux des senteurs féminines.

Daté du 25 mars 1890, La Femme.
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 18:10

« Pauvre Lélian ». Brouillant les lettres de son nom, Paul Verlaine clarifie ainsi son état : pauvre ! Pauvre d’argent quand l’absinthe eut tout bu. Pauvre individu lorsqu’il frappe sa mère, sa femme enceinte … Pauvre hère lorsque avec Rimbaud il s’enfuit vers le nord, la Belgique, l’Angleterre. Pauvre criminel puisqu’il tire sur Rimbaud qu’il aime. Mais riche en poésie, de la plus tendre qui soit, et qui touche le plus réfractaire à la caresse des mots.

Il bacio
Baiser ! rose trémière au jardin des caresses !
Vif accompagnement sur le clavier des dents
Des doux refrains qu’Amour chante en les cœurs ardents
Avec sa voix d’archange aux langueurs charmeresse !

Sonore et gracieux Baiser, divin Baiser !
Volupté nonpareille, ivresse inénarrable !
Salut ! l’homme, penché sur ta coupe adorable,
S’y grise d’un bonheur qu’il ne sait épuiser.

Comme le vin du Rhin et comme la musique,
Tu consoles et tu berces, et le chagrin
Expire avec la moue en ton pli purpurin …
Qu’un plus grand, Goethe ou Will, te dresse un vers classique.

Moi, je ne puis, chétif trouvère de Paris,
T’offrir que ce bouquet de strophes enfantines :
Sois bénin et, pour prix, sur les lèvres mutines
D’Une que je connais, Baiser, descends, et ris.

Paul Verlaine,
Poèmes saturniens, 1866.
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 18:11

C’est l’extase langoureuse …
C’est l’extase langoureuse,
C’est la fatigue amoureuse,
C’est tous les frissons des bois
Parmi l’étreinte des brises,
C’est, vers les ramures grises,
Le chœur des petites voix.

O le frêle et frais murmure !
Cela gazouille et susurre,
Cela ressemble au cri doux
Que l’herbe agitée expire …
Tu dirais, sous l’eau qui vire,
Le roulis sourd des cailloux.

Cette âme qui se lamente
En cette plainte dormante,
C’est la nôtre, n’est-ce pas ?
La mienne, dis, et la tienne,
Dont s’exhale l’humble antienne
Par ce tiède soir, tout bas ?

Paul Verlaine,
Romance sans paroles, 1874.
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 18:13

Maîtresse, embrasse-moi …

Maîtresse, embrasse-moi, baise-moi, serre-moi,
Haleine contre haleine, échauffe-moi la vie,
Mille et mille baisers donne-moi,je te prie ;
Amour veut tout sans nombre, Amour n’a point de loi.

Baise et rebaise-moi ; belle bouche, pourquoi
Te gardes-tu, là-bas, quand tu seras blêmie,
A baiser de Pluton ou la femme ou l’amie,
N’ayant plus ni couleur, ni rien de semblable à toi ?

En vivant presse-moi de tes lèvres de roses ;
Bégayes en me baisant, à tes lèvres demies clore,
Mille mots tronçonnés, mourant entre mes bras.

Je mourrai dans les tiens, puis, toi ressuscitée,
Je ressusciterai ; allons ainsi là-bas ;
Le jour, tant soit-il court, vaut mieux que la nuitée.

(Les Amours, Sonnets pour Hélène, 1578)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 18:14

Cerises rouges sur un carrelage blanc


le désir m'embrase
et mes yeux scintillent
je fourre la morale dans le premier tiroir venu,
me change en démon,
bandant les yeux de mes anges
pour
un baiser.

****

je le veux
chaud
et profond
qu'il me donne le vertige;
sinon, n'approche pas
ça part
du petit doigt de ma main,
pour finir à la pointe de mes pieds
en passant
sur mes monts,
mes vallées et mes pentes
et captive
mon âme.

Maram Al-Massri
(traduit de l'arabe par Michel-françois Durazo et l'auteur)
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeLun 20 Déc - 18:16

Voici sans doute la page la plus brûlante de L’Art d’aimer d'Ovide. Rien de bien choquant pour des yeux modernes. Et pourtant, ces vers sont parmi les plus rares dans la littérature latine à envisager entre l’amant et l’amante un plaisir partagé,
et donne à l’homme quelques conseils pour parvenir à ce but louable...

Passage à l’acte

Voilà qu’un lit complice accueille les amants.
Ma Muse, n’entre point dans cette chambre close.
Sans toi, seuls, ils sauront inventer mille mots,
Et sa main gauche à lui ne sera pas oisive.
Au lit, ses doigts sauront s’occuper aux endroits
Où l’Amour, en secret, aime tremper son dard.
Hector si valeureux, bon ailleurs qu’aux combats
Ainsi pour commencer besognait Andromaque
Et de même faisait Achille à sa captive,
Las de ses ennemis, sur sa couche alangui.
Tu les laissais sur toi se poser, Briséis,
Ces mains toujours trempées du sang Phrygiens.
A moins que ton plaisir ne fût, belle jouisseuse,
Que viennent sur ton corps ces mains d’homme vainqueur ?
Crois-moi : ne hâte point les plaisirs de Vénus,
Mais tarde, et, peu à peu, diffères-en le charme.
Cet endroit où la femme aime qu’on la caresse,
Tu l’as trouvé ? Caresse, et n’aie pas de pudeur !
Tu verras dans ses yeux trembler comme un éclair,
Un reflet du soleil sur l’onde transparente ;
Ensuite elle gémit, puis murmure d’amour,
Geint doucement et dis les mots que veut ce jeu.
Mais ne va pas alors, déployant trop la voile,
Laisser l’amante là, ni lui courir après :
Ensemble vers le but hâtez-vous –plein plaisir,
Si elle et lui, vaincus, gisent en même temps.
Telle est la marche à suivre, à loisir, librement,
Sans hâter ce larcin d’amour par quelques craintes.
Si tarder est peu sûr, alors, rame à pleins bras,
Donne de l’éperon, fonce à bride abattue !

Ovide (-43 / 18), L’Art d’aimer, II, 703 sqq
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitimeMar 21 Déc - 14:18

Profitons de cette mise en valeur du poême "la main touche une jupe" extrait de"Terre de l'été "d'Alain BORNE, pour se remémorer qu'il fut résident à Montélimar, en fonction...d'avocat, trés proche de Pierre Seghers et Aragon ( période de résitance en terre Dromoise)
Décédé suite à un accident de voiture, au nord d'Avignon, à La Pallud, la plupart de son oeuvre est éditée à titre posthume.
Autre ouvrage à noter, sur l'oeuvre du facteur Cheval
Il faut regretter qu'il n'ait pas la place qu'il mérite dans le patrimoine Dromois, malgré que le Lycée de Montélimar porte son nom.
En rattrapage:

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/borne/bornealain.html[url][/url]
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MessageSujet: Re: tahayûj   tahayûj I_icon_minitime

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